La “Légende du bois de la Croix” est l’un des récits apocryphes les plus connus du Moyen Âge occidental. Probablement d’origine bogomile, la légende se répandit bientôt dans tout l’Occident chrétien et elle est largement représentée dans la littérature ainsi que dans l’iconographie. Le texte latin qui nous offre la version la plus complète et la plus détaillée de la légende est le Post peccatum Adae, datant de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle. Comme pour le reste du domaine roman, le Post peccatum Adae a également été traduit et vulgarisé en langue occitane. Il existe deux versions qui, tout en partageant la même source, sont particulièrement divergentes l’une de l’autre: l’une est contenue dans le ms. London, British Library, Harley 7403 et l’autre est attesté par les mss. London, British Library, Royal 19 C 1 et Paris, BnF, fr. 858. Des deux versions occitanes, il existe une édition synoptique du XIXe siècle par Hermann Suchier (Denkmäler provenzalischer Literatur und Sprache, 1883), acceptable d’un point de vue ecdotique, mais sans commentaire philologique, linguistique et littéraire approfondi. Après l’œuvre désormais datée de Suchier, cet ouvrage est destiné à fournir la première édition critique et commentée de la version tirée du manuscrit harléien, avec une attention particulière aux données linguistiques du texte, capables de mettre en évidence des éléments qui feraient référence, pour la première moitié du XIVe siècle, au sud-ouest de l’espace occitan.